Eric Carrière et « l'instabilité dans les intentions » au RC Lens

Eric Carriere RC LensAprès des titres de champion avec Nantes et Lyon, Eric Carrière s'engage avec le RC Lens à l'été 2004 et connaît cinq années contrastées avec le club Sang et Or. L'ancien Lensois revient sur cette période riche avec Joël Muller (même s'il peinait avec ses consignes) et Francis Gillot, puis douloureuse pour le Racing, avec l'arrivée de Guy Roux et la relégation en Ligue 2 à l'issue de la saison 2007-2008.

« Quand j'ai fait ma formation de manager, j'ai fait une petite analyse sur les clubs dans lesquels je suis passé, et sur l'importance d'avoir un projet dans chaque club. À Nantes, c'était le jeu qui nous réunissait. C'était le coach – parfois le directeur sportif, jamais le président – qui nous faisait un retour sur le contenu, et nous, joueurs, étions au diapason. On pouvait dire : « Tiens, ce soir on a gagné, mais le jeu n'était pas bon. Il faut rectifier le tir » . À Lyon, c'était l'état d'esprit qui primait : la gagne. Un mec comme Sonny (NDLR : Anderson), il ne tremblait pas ! Même quand il ratait deux occasions, le doute ne s'instaurait pas, et il te claquait la troisième. La force mentale, en partie insufflée par le président Aulas, c'est quelque chose qui planait dans l'atmosphère générale du club. Et puis, y'a Lens (il marque un temps d'arrêt). Le club sortait d'une période faste. D'abord, sur un cycle très anglais, avec le titre de 98. J'ai le souvenir d'un style de jeu assez direct. C'est bien Drobjnak, qui jouait devant ? Ensuite, il y a eu un cycle plus athlétique. Et moi, j'arrive (NDLR : en 2004) à un moment où il y a une volonté de changer de cycle, sans en avoir réellement défini les contours. L'entraîneur de l'époque, c'était Joël Muller ; un coach qui était beaucoup sur les duels. Joël, il ne m'en voudra pas, mais je me rappelle d'entraînements où on était tous dans le rond central, sans équipes définies ; le ballon était lancé en l'air, et on devait faire des têtes. Impossible pour moi, quoi ! Là, je ne savais pas trop où j'étais. Je me souviens que le début de championnat était bon, que les recrues – Hilton, Jérôme Leroy, Nicolas Gillet – donnaient satisfactions. Et puis, après deux ou trois mauvais résultats, j'entends : « Bon, on arrête de jouer » . J'étais ahuri. Tu peux dire que tu veux jouer différemment, en allongeant sur Dagui (NDLR : Bakari) et en disputant les deuxièmes ballons ; aucun problème. Tu changes, mais tu joues ! Pour moi, arrêter de jouer, ça signifie que le match est terminé, et que c'est l'heure de rentrer à la maison. Cette instabilité dans les intentions, c'est quelque chose que j'ai trop souvent connu à Lens. On a eu Francis Gillot, qui avait un état d'esprit plutôt offensif, et avec lequel on a eu de bons résultats. Ensuite, ça a été Guy Roux : là, impossible de savoir ce qu'il voulait tant son discours était incohérent. L'analyse que j'ai faite, c'est que j'ai eu la chance de gagner des titres dans des équipes où il y avait un fil conducteur. À Lens, il était, disons, émotionnel : lié à l'environnement, aux supporters, à Gervais (NDLR: Martel). À mon sens, c'est le jeu qui doit primer, et le choix des entraîneurs doit se faire en fonction. Quand tu enchaînes Gillot, Roux, Papin, Leclercq, c'est un peu comme faire les montagnes-russes. »

Propos recueillis par Bastien Kossek pour le site Hors-Format

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