Warmuz : « Au fil du temps, je me suis libéré »

Evoquant l'évolution de sa carrière sur le site Hors Format, Guillaume Warmuz aborde son arrivée à Lens, son intégration et ses premières années lensoises sous la direction d'Arnaud Dos Santos puis de Patrice Bergues.

Reprenons le fil de votre carrière. En 1992, Lens, qui avait supervisé chacun de vos matchs l’année précédente, vous recrute. Vous débutez par une défaite cinglante face à Auxerre, 3/0. A ce propos, Martel déclare « ses débuts avec nous ont été très, très difficiles. Ce qui a sans doute été la clé de sa réussite ». Il vous décrit comme quelqu’un de flegmatique. Une des qualités qui, selon lui, vous a permis de tenir…
C’est vrai. Je suis toujours resté tranquille, même si les débuts ont été compliqués. Le secret, c’est que le club m’a fait confiance. Patrice Bergues est arrivé et, ensemble, nous avons trouvé les solutions alors que nous étions derniers. Il faut aussi se souvenir d’une spécificité liée à mon poste. Outre le fait de passer de la D2 à la D1, il y a eu un changement de règle. Auparavant, le gardien, sur une passe de l’un de ses coéquipiers, pouvait se saisir du ballon à la main. En 1992, je suis arrivé durant la période de transition entre cette règle et la règle actuelle qui interdit au gardien de prendre le ballon à la main sur une passe en retrait. On a tendance à l’oublier. Je savais quand même jouer au foot, mais ce fut un bouleversement. A l’intersaison, ma préparation a été extrêmement mauvaise et, dans les premiers mois de compétition, nous étions derniers. Bien que je ne fusse pas performant, l’équipe aurait pu tourner à peu près. Ce n’était pas le cas. Rien n’allait dans le bon sens. Je veux bien endosser la responsabilité de quelques buts mais, là, on ne mettait pas un pied devant l’autre. Le fait d’avoir changé d’entraîneur, d’avoir échangé avec Patrice Bergues, m’a permis de reprendre confiance. A partir de là, la donne a changé et nous étions partis pour dix ans…

Parlons de votre intégration, vous êtes-vous senti investi rapidement ?
Dès le changement et l’arrivée de Patrice Bergues. Je me souviens que nous avions été faire 0/0 à Metz avant d’enchaîner sur notre première victoire à domicile face à Valenciennes. Je me suis alors senti libéré, tout a changé. Quant à mon investissement au sein du club, il s’est fait progressivement, au fil des années.

[...] A Lens, l’ère Patrice Bergues continue. Le club semble progresser étape par étape. Au terme de la saison 95, le Racing retrouve l’Europe. Lors de l’exercice suivant, vous flirtez même avec la place de leader au cours de la première partie du championnat. Vous déclariez, avec une lucidité impressionnante et  beaucoup de philosophie : « Je me dis qu’il est trop tôt pour cette génération pour prendre la première place ». Visionnaire. Vous étiez persuadé que votre progression collective ne s’arrêtait pas là ?
Il y avait tout, il y avait tout pour. Le club, le public, des dirigeants motivés, une génération de joueurs talentueux. C’était trop tôt, car nous n’avions pas, mentalement, la capacité de rivaliser avec les grosses cylindrées de l’époque. Il fallait être patient.

En revoyant les images de cette saison 95/96, j’ai eu le sentiment que, sur le plan personnel, vous aviez pris une autre dimension. Ce fut une saison accomplie. D’autant que vous étiez régulièrement appelé en équipe de France A’.
Au fil du temps, je me suis libéré, j’ai pris confiance, j’ai compris le métier, j’ai pris la mesure de l’environnement dans lequel j’évoluais. Tout cela a été libérateur.

Néanmoins, cette saison se termine par une première blessure grave. A Bollaert, sur un coup franc de Montpellier, vous vous déchirez les ligaments du genou gauche. On parlait de l’équipe de France : est-ce que cette blessure a freiné votre progression et a contriubué à votre éviction de ce groupe France ?
Indéniablement. C’est ce qui m’a empêché, peut-être, d’aller plus haut avec l’équipe de France. La progression du gardien de but a été stoppée nette. Mais, paradoxalement, cette grande difficulté m’a permis de me construire intérieurement et de revenir plus fort en tant qu’homme. C’est un autre homme qui est revenu sur le terrain huit mois plus tard.

Vous l’expliquez ?
On arrive à prendre du recul et à se rendre compte qu’on accorde de l’importance à des choses qui sont, en réalité, futiles. Le fait de se retrouver sur un brancard et d’être dans l’incertitude par rapport au fait de pouvoir rejouer ou non, de continuer sa carrière, permet de remettre les choses en perspective. On dépasse le cadre du football et on entre dans une autre réflexion, dans une construction personnelle. Cette épreuve a duré huit mois. J’ai perdu de la tonicité dans mon genou et j’ai connu beaucoup de difficultés à retrouver mon niveau. Mais, d’autre part, j’ai gagné en intériorité, en maturité.

Ce sont des aspects souvent occultés mais déterminants, en particulier pour un gardien de but ?
C’est fondamental. Fondamental (il insiste). Après, il y a les qualités intrinsèques dont disposent certains gardiens comme Hugo Lloris, Fabien Barthez ou Bernard Lama. Intrinsèquement, ils avaient des valeurs ajoutées que je n’avais pas. Après, ce n’est pas forcément ça qui fait la différence. Il faut savoir utiliser ces qualités. Lloris a cette faculté. C’est un gardien très hermétique, très sûr de lui. Jusqu’à ma blessure, je n’étais pas du tout comme ça. Ensuite, oui.

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