Les défis du RC Lens en 2012

2012 sera plus que jamais l'année de tous les défis pour le RC Lens. Finances, stade, enquêtes judiciaires, jeunesse convoitée et public désabusé, l'ex-plus grand club de la région espère s'éviter une plongée en enfer.

 

Au bord du dépôt de bilan

Le Crédit Agricole l’a confirmé, le club aurait pu déposer le bilan en juin dernier. Le RC Lens croule sous les dettes et l’agence bancaire a dû enchaîner une levée d'obligations convertibles (9 millions d'euros en 2009), puis une augmentation de capital (8 millions en 2011) pour combler les besoins de trésorerie. Selon l'audit réalisé par Ernst & Young lors de la prise de contrôle de la banque verte, la dette financière nette ajustée du club atteignait 42,8 millions d'euros. Le résultat d’exploitation déficitaire de 17 millions a été comblé l’été dernier par de nombreux départs et les actionnaires ont du se porter garants des 3,3 millions de pertes finales. Aujourd’hui, le RC Lens doit vendre des joueurs pour réduire son prochain déficit de 15 à 2 millions et combler avant le 30 juin le fossé entre dépenses (28 millions) et recettes (20 millions). La masse salariale (11 millions) dépassant celle ratifiée par la DNCG (9,2 millions), le club est interdit de recrutement. Il perdra également au 15 janvier son découvert de 2,5 millions auprès de la Caisse d’Epargne, après avoir déjà perdu celui de 10 millions auprès du Crédit Agricole.

 

La rénovation du stade Bollaert

Il y a 70 ans débutait la construction du stade Bollaert. Monument régional aujourd’hui trop vétuste, Bollaert doit trouver près de 30 millions d’euros avant le mois de mars  pour s’offrir une rénovation nécessaire. Le projet n’en finit plus de se réduire au fil des saisons pendant que les stades flamants neufs se construisent de toutes parts dans l’hexagone. Lille, Lyon, Paris, Marseille, Valenciennes, Le Havre, Le Mans, Dijon, Bordeaux, Nice et bien d’autres encore, de nombreux clubs rénovent et construisent des enceintes ultra modernes pendant que Lens tente de boucler miraculeusement le budget nécessaire à un projet qui ne prévoit plus que de protéger les supporters de la pluie, renouveler des toilettes archaïques et améliorer l’offre de catering.

 

Lutte pour le pouvoir et dérives judiciaires.

Gervais Martel doit trouver 15 millions avant le 30 juin pour racheter les parts du Crédit Agricole et redevenir l’actionnaire majoritaire du RC Lens. En mai 2011, pour racheter les obligations convertibles du Crédit Agricole, le président s'était fait prêté quatre millions par deux sociétés de BTP, Ramery et Rabot Dutilleul, en échange les deux sociétés devenaient prioritaires pour la rénovation du stade. Le commissaire aux comptes de Rabot Dutilleul a alerté le procureur d'Arras sur des soupçons d'infraction à la législation sur les appels d'offre des marchés publics. Depuis, Gervais Martel a été mis en garde à vue et Tracfin, la cellule spécialisée dans le blanchiment d’argent, épluche les comptes du club. Gervais Martel devra également se présenter face à la justice le 13 janvier pour l’emprunt d’une somme importante, jamais remboursée, à Stéphane Desreumaux, le co-fondateur du Galibot qui dirigea la société Agora au sein du RCL ainsi que diverses filiales et les ressources humaines.

 

Un recrutement questionné

Dans un contexte très difficile et avec des moyens quasi inexistants, Lens a su trouver les moyens de renouveler son effectif l’été dernier.

Michael Fabre s’est emparé de la place de titulaire en septembre et ne l’a plus jamais rendue. La seule vraie satisfaction du mercato hivernal ? L’ancien capitaine de Clermont n’est sans doute pas le meilleur gardien de la division mais aura réalisé une première partie de saison intéressante.

Chaouki Ben Saada peut légitimement briguer le titre de meilleur technicien de l’effectif lensois. Mais sa finesse technique brille encore par intermittence et le physique ne suit pas. S’il monte en puissance, il peut lui aussi devenir une vraie satisfaction.

Gabriel Cichero aurait pu être élu recrue de l’année selon certains supporters. Son style pas toujours académique et quelques ratés avaient le mérite d’être compensés par une hargne omniprésente et beaucoup d’expérience. Le Vénézuélien a su monter en puissance au fil des matchs avec la confiance de Jean-Louis Garcia, avant de laisser sa puissance parler d’une autre façon. Huit petits matchs et puis s’en va, à moins d’un improbable retour dans le onze lensois en toute fin de saison.

Pascal Bérenguer est venu jouer les bergers corses au pays des chèvres lensoises. Homme de caractère, il impose son leadership et son expérience au sein du vestiaire mais beaucoup plus est attendu pour 2012. Son déchet offensif et son abattage parfois insuffisant au milieu n’ont pas toujours convaincu.

Julien Toudic était le buteur tant attendu. Jusqu’à ce qu’il enchaîne les blessures. Trois fois titulaire en août, l’ancien Rémois est depuis un remplaçant de luxe, une seule fois buteur en championnat. Il sera très attendu en 2012.

Pierre Ducasse pourra se vanter de faire lui aussi partie de la longue liste des ex-futurs grands du centre de formation bordelais. Ducasse devait prendre les commandes du jeu lensois, devenir le patron technique de l’équipe, mais il n’a réussi qu’à aligner des prestations plus médiocres les unes que les autres. Tout au plus sera-t-on tenté de retenir son doublé face à Sedan. Inquiétant.

Ludovic Baal débarque à Lens précédé de sa réputation. Celle d’un des meilleurs arrières gauches de Ligue 2. Devenu méconnaissable en six mois, l’ancien Manceau subit aujourd’hui la pression de Zakarya Bergdich.

L’ex-idole raillée du Parc-des-Princes poursuit son one-man-show du côté de Bollaert, diraient les moqueurs. Jean-Eudes Maurice plafonne autant à Lens qu’au PSG mais on ne peut lui reprocher de rester toujours aussi combattif et lucide sur son propre niveau. Trimbalé à tous les postes offensifs ou en tribunes, l’Haïtien n’a été titulaire que trois fois en championnat, délivrant deux passes décisives encourageantes en décembre.

Ali Mathlouthi a-t-il le niveau ? Titulaire à seulement trois reprises en championnat, l’ancien Strasbourgeois a disparu du groupe depuis novembre. Aucun but et aucune passe décisive sous le maillot lensois.

 

Quelques pépites au fond de la mine

L’une des années les plus catastrophiques de l’histoire du club aura quand même apporté quelques motifs d’espoir aux supporters.

Le duo composé de Jean-Louis Garcia et Jocelyn Blanchard a parfois déçu ou déconcerté, mais nul ne peut reprocher aux deux hommes de ne pas mouiller le costume trois pièces. Respect, Humilité, Ambition, le duo essaie de fournir au public lensois le minimum salarial d’un RHA hélas chaotique.

Après avoir longtemps alterné blessures et prêts, David Pollet s’impose peu à peu à la pointe de l’attaque lensois. Malgré des limites évidents, le Belge force le respect par son abnégation et sa fraîcheur. Sept buts en championnat, un total qui fait de lui l’un des meilleurs buteurs actuels de Ligue 2.

A 18 ans, Geoffrey Kondogbia ne fera pas oublier Raphaël Varane mais affiche de belles promesses. S’il apprend à mettre sa technique au service du collectif et simplifie son jeu, il peut exploser. A Lens ou ailleurs, puisque de nombreux clubs français et étrangers rêvent déjà de l’enrôler. Un scénario qui pourrait également impliquer Torgan Hazard, jeune surdoué très convoité au temps de jeu limité mais à la valeur financière déjà bien réelle.

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