Coronavirus, droits TV et budgets en Ligue 1: Double bingo pour le RC Lens?

Joseph Oughourlian Edouard Philippe

On le sait tous, la montée (ou le maintien) en Ligue 1 était cruciale pour les clubs concernés cette saison; En cause, l'augmentation considérable des droits TV pour le cycle 2020-2024 qui aura vu le groupe espagnol Mediapro miser près de 800M€ sur la ligue des talents. Le RC Lens a donc pris le bon wagon et pourra prétendre à environ 45M€ de droits TV, un montant comparable avec l'Olympique Lyonnais en 2019, alors que la saison dernière, les équipes les moins huppées de l'élite avaient touché moins de 20M€.

Joseph Oughourlian prend les devants et remet les compteurs à zéro

La nouvelle avait été accueillie comme il se doit par les observateurs lensois : Joseph Oughourlian a décidé dès le mois d'avril de ré-injecter, par vagues successives, 30M€ sur cinq ans.
Le but? Assainir une fois pour toutes les finances du club, et ainsi repartir sur des bases solides, alors que le racing a depuis 4 ans consenti à réduire son train de vie, et ainsi essayer d'amortir au maximum ses pertes structurelles récurrentes en Ligue 2.

Mission réussie pour Arnaud Pouille qui avait encore été félicité par son président lors du communiqué de ce dernier, prenant acte de la montée en L1.
Un travail de fond qui était vital en Ligue 2, mais qui tranche également avec le modèle économique de nombreux clubs de l'élite, se reposant sur des ventes de joueurs pour équilibrer leurs comptes, et payer les onéreux salaires des joueurs.

Lens sur la dynamique de la montée, les autres clubs de Ligue 1 affaiblis par le coronavirus

Si le RC Lens arrivera en L1 avec des comptes dans le vert, il pourra également compter sur un effet pervère et imprévu de la crise sanitaire qui vient de s'abattre. En effet, les diffuseurs de la saison 2019-2020, Canal+ et BeIn Sports, lésés d'une dizaine de match de championnat, ne paieront pas les droits TV des rencontres non jouées.
Si ce cas s'applique aussi au RC Lens en L2, elle a des effets bien plus notables pour les clubs de l'élite, avec un manque à gagner qui va asphixier plusieurs d'entre eux.

A Bordeaux par exemple, on cumulait déjà un climat de défiance envers le propriétaire King Street, et le club pourrait afficher un déficit de 30M€. Impossible d'investir et de bâtir dans cette situation, d'autant que le fond américain pourrait trancher dans le vif et vendre au plus offrant.
A Saint-Etienne, la situation est moins grave, mais les stéphanois ne bénéficient ni d'un investisseur de luxe, ni d'une marge de manoeuvre. Une asphixie moindre, mais qui placera l'inter-saison sous le signe de la morosité: Il faudra dégraisser, avant d'acheter.

D'autres clubs attendent avec anxiété ce même mercato. A Monaco et à Lille, on souhaite faire du trading de joueurs, plus que du sport à émotions. Avec des flux financiers en provenance des transferts qui tourneront au ralenti, la politique de ses clubs entrera dans la stagnation, au mieux. Les regards se tourneront alors vers des actionnaires qui ont aussi leurs affaires courantes à protéger de la crise, et ce avant le football.
A Marseille, la qualification pour la Ligue des Champions permettra d'amortir un peu les pertes. Mais avec un problème constant de masse salariale, difficile d'imaginer l'OM en profiter pour se renforcer et franchir un palier. D'autant que l'UEFA et son fair-play financier guette le club de la cité phocéenne.

En somme, ce sont les clubs de Ligue 1 les moins huppés (comme Dijon ou Brest) et les mieux gérés (comme Montpellier) qui souffriront le moins de ce trou dans leurs revenus.
Quid du prêt garanti par l'Etat que la LFP mettra à disposition des clubs? Un prêt reste un prêt; Celui-ci permettra de payer les salaires des joueurs durant le confinement, mais ultimement, le manque à gagner des droits 2019-2020 apparaîtra dans le remboursement de celui-ci dès la fin de l'exercice à venir.

Quel rapport avec la situation et la montée lensoise?

Notons tout d'abord que le racing affichait un budget d'environ 35M€ pour la saison 2019-2020, et un budget pour les transferts principalement financé par les ventes de joueurs (Centonze, Gomis, Chouiar, etc); Il devrait repartir avec environ 50M€, incluant une enveloppe de 7 à 10M€ hors ventes.

Mais plus que les chiffres du budget pur, c'est la capacité d'investissement par rapport à ses concurrents qui pourrait permettre au RC Lens d'effectuer un retour tonitruant dans l'élite, et de plus rapidement réduire l'écart avec certains clubs.
En effet, la dynamique semble totalement inversée dans cette capacité à aller de l'avant. Certains clubs historiques à la lutte pour le maintien l'an dernier n'auront pas nécessairement la possibilité de se renouveler, et devront se séparer de joueurs, parfois coûte que coûte pour se libérer d'imposants salaires.

Le racing lui, semble armé pour bâtir son effectif sans attendre et pourrait même ambitionner de réaliser au moins un "coup", en agissant rapidement. Réponse dans les semaines qui viennent, mais attention au long mercato qui s'annonce.

J. H.


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