En plein dans le MiL : Le bilan d'Antoine Kombouaré à la tête du RC Lens

Antoine Kombouare RC Lens 10Au lendemain de l'officialisation du départ d'Antoine Kombouaré pour Guingamp, l'équipe de MadeInLens tire le bilan des trois années de l'entraîneur à la tête du club Sang et Or. Après une première saison réussie, marquée par une montée en Ligue 1, la suite de l'aventure s'est avérée bien plus délicate. A la tête d'un club interdit de recrutement et empêtré dans un imbroglio surréaliste quant à la situation de son investisseur principal, le RC Lens a terminé bon dernier du championnat de France de Ligue 1, impliquant une redescente immédiate au sein de l'antichambre du football français.

La troisième, et donc dernière, saison d'Antoine Kombouaré en Artois resterait comme la saison des paradoxes. Une entame loupée, un retour au premier plan, puis un sprint final manqué. Le tout avec des soucis extrasportifs et une gestion humaine parfois remise en cause. Une fois mis en lumière les points positifs et négatifs, quel bilan peut-on tirer du passage d'Antoine Kombouaré à la tête du RC Lens ? 

Pour répondre à cette question, Thierry Tempez, Pascal Guislain et Thomas Vandaële ont mis à votre disposition leur plus belle force argumentative. Vous, chers lecteurs, faites-en de même en venant débattre avec nous via les commentaires ci-dessous ou les réseaux sociaux, on vous attend !

L'avis de Thierry Tempez (ancien journaliste de La Voix du Nord, Nord Eclair et L'Equipe)

En signant Antoine Kombouaré, il y a maintenant trois saisons, Gervais Martel a frappé un grand coup lors de son retour aux affaires, voulant marquer de nouveau son empreinte sur le club Sang et Or. Et à l'évidence, la remontée dès la première saison ne pouvait que lui donner raison. Mais ce succès initial n'était qu'un leurre. Car, hormis un titre de champion d'automne avec le Paris-SG et un titre de champion de Ligue 2 avec un VAFC dont l'essentiel du travail avait été effectué par Daniel Leclercq, comme le reconnaissaient récemment certains anciens Valenciennois, le palmarès du Kanak n'est pas aussi reluisant que sa réputation le laisse penser. Cependant fort de cette réussite, le Kanak s'est octroyé des droits qu'aucun entraîneur, avant lui, n'avait obtenus jusqu'alors, et notamment celui de se couper de l'histoire du club.

La nouvelle descente en Ligue 2 sous les ordres d'Antoine Kombouaré, la saison suivante, reste désastreuse certes, mais elle a eu surtout eu le désagréable mérite d'inciter les supporters à oublier les rapports tendus qu'il a entretenus dès lors avec Jocelyn Blanchard, le directeur sportif. Dans l'histoire du club, jamais des relations entre un entraîneur et un directeur n'ont été aussi mauvaises, même si bien évidemment tout n'a pas toujours été rose dans le passé. Faut-il alors rappeler que la grève du Kanak est à l'origine de ce conflit ? S'est-il cru supérieur au point de ne pas répondre aux reproches d'un directeur, donc un supérieur hiérarchique, lequel n'avait pas toléré son absence tout en se faisant photographier au golf de Saint-Quentin-en-Yvelines ?

Certes, le peu de moyens que l'entraîneur ait obtenu ne lui a sans doute pas permis de travailler comme il l'entendait. Mais le climat pesant, qu'il a lui-même instauré, n'a pas contribué à la sérénité des joueurs lensois. Et dès lors, la descente était inéluctable, puisque qu'Antoine Kombouaré, ne s'étant vu émettre aucun reproche du président, s'est senti obtenir tous les pouvoirs, y compris celui de se couper de l'ensemble des entraîneurs et des éducateurs du club. Comme il s'est aussi, coupé de certains joueurs, lesquels auraient pu - et dû - apporter un plus aux moments cruciaux de la saison : l'exemple de Taylor Moore est le plus frappant. Qu'avait-il à reprocher au jeune Anglais ? D'avoir joué un match en CFA alors qu'il n'était pas retenu en équipe première. D'ailleurs, combien de fois s'est-il rendu aux matches des équipes réserves, histoire de discuter avec les entraîneurs, d'observer de jeunes joueurs aux potentiels intéressants. S'est-il aussi appuyé sur le vécu des anciens, les a-t-il consultés ? Jamais.

N'est-il pas l'entraîneur s'étant coupé de la cellule de recrutement en imposant, de lui-même, ses choix. L'exemple de l'arrivée de Guirane N' Daw démontre son entêtement à vouloir travailler seul. En imposant ses choix, y compris, dans ses compositions d'équipe, très souvent décriées notamment par un public réputé pour être connaisseur, sans jamais discuter pour obtenir un avis, l'entraîneur lensois a non seulement manqué de respect aux anciens joueurs, aux éducateurs, mais aussi à l'institution RC Lens. Jamais cela ne s'était vu auparavant. Et pour certains, le voir partir sous d'autres cieux n'est autre qu'un soulagement. Ce qu'il n'a jamais compris, c'est qu'ici, quelle que soit sa réputation, son palmarès, personne n'est supérieur au club.

 

L'avis de Pascal Guislain :

Antoine Kombouaré ne sera pas l’entraîneur du RC Lens la saison prochaine. Celui qui tenait l’équipe depuis trois ans a préféré s’en aller après avoir vu les nouveaux propriétaires du club ne plus vouloir lui offrir le salaire qui était le sien. 70 000 euros par mois en Ligue 2, 100 000 en Ligue 1, ils ne sont pas nombreux en France à émerger à un tel tarif. Le Lensois faisait partie de ce petit groupe de privilégiés. Sans le salaire, il a préféré la Ligue 1… L’amour d’un maillot est parfois une histoire de montant en bas à droite de la feuille de paie.

Quel bilan peut-on faire de ces trois dernières saisons ? Le spectacle a été rarement présent. L’ennui a gagné les rangs du stade Bollaert-Delelis après s’être installé une saison à la Licorne à Amiens. Solide défensivement, le Lens de Kombouaré se montrait très timide une fois la ligne médiane franchie. Si les choix ont été bons il y a trois ans pour le recrutement, cette année, celui qui a géré à lui seul le sportif s’est planté. Anthony Scaramozzino, Guirane N'Daw, Christian Bekamenga, Jonathan Nanizayamo, Stéphane Besle sont autant d’échecs qui ont altéré la saison avant même qu’elle ne commence.

Antoine Kombouare RC Lens 13En trois saisons, l’ancien coach du PSG a fermé la Gaillette aux supporters. Il a aussi coupé les jeunes de la Gaillette de la presse au nom d’une prétendue protection. Les jeunes ont vus les portes de l’équipe première se refermer avant de se rouvrir... un peu. Les jeunes du centre de formation étaient meilleurs que les recrues. Un comble. Mais fallait-il encore que le coach les connaisse, lui que les supporters de la CFA n’ont jamais vu au stade d’Avion !

Maître du sportif, Antoine Kombouaré a pris des décisions surprenantes. Comment comprendre qu’il n’ait pas gardé Danijel Ljuboja ? Lens aurait eu un atout offensif en Ligue 1, surtout l’année dernière quand le club ne pouvait pas recruter..

A l’inverse, il faut mettre au crédit de l’ancien parisien la venue d’ Aréola. Pour le reste, on retiendra son mois de grève quand Lens était dans l’incertitude entre L1 et L2 il y a deux ans. On retiendra aussi son départ pour la Nouvelle Calédonie, pendant 15 jours, pour la promotion de son livre, alors que son équipe était en difficulté…

Un bilan très mitigé, surtout si l’on met en évidence entre résultats et coût ! Être un meneur d’homme n’a pas pu compenser tellement d’erreurs.

Avec le départ d’Antoine Kombouaré, certaines questions attendent des réponses. Antoine Kombouaré avait obtenu de son président les mains libres dans le domaine sportif. Le directeur sportif a depuis longtemps été mis sur la touche. Qui va désormais prendre en charge ce domaine ? Va-t-on avoir enfin une organisation collective pour gérer ce domaine ? Enfin, qu’en est il des joueurs qui étaient annoncés sur le départ ? Lalaina Nomenjanahary, Pierrick Valdivia (tous deux en fin de contrat) et Taylor Moore (écarté par Antoine Kombouaré) vont-ils finalement rester ?

 

L'avis de Thomas Vandaële : Du flou et une absence de philosophie...

Quand il arrive en 2013 au Racing Club de Lens, Antoine Kombouaré est l’homme injustement limogé du PSG (quoi que... mais c’est un autre débat) alors qu’il mène le championnat. Il dispose encore d’une excellente cote et est censé être le visage du renouveau lensois annoncé par l’arrivée d’Hafiz Mammadov. 
Gros salaire et grands noms, il emmène le Racing en Ligue 1 au bout de sa première saison en Artois. Si la remontée, l’ambiance au long de l’année et surtout les individualités sont là, elles cachent déjà un cruel manque de schéma de jeu. Alignés en 4-4-2, le Racing n’est pas beau à voir mais plutôt efficace. Emmené par les individualités comme Danijel Ljuboja devant ou Alphonse Areola derrière, le RCL de Kombouaré hisse ce dernier en quasi héros.
Le premier couac arrive à l’intersaison 2014 avec la grève du technicien qui reproche au club le manque de moyens et de visibilité. Compris par certains, raillé par d’autres, le technicien sort tout de même d’une saison cauchemar avec le statut de « survivant », ayant su donner un esprit à une équipe trop faible pour développer un vrai schéma. 
Si AK était parti au bout de la deuxième saison, tout le monde aurait salué l’homme, à défaut du technicien. Problème, sa dernière saison est un calvaire : mercato catastrophique géré par le seul entraîneur, propos négatifs sur les supporters, manque de vision, manque de motivation, yeux fermés sur les manques du Racing, mais surtout… le technicien a littéralement bouffé le centre de formation ! Après avoir grillé Aristote Madiani (en manque total de confiance aujourd’hui), il a mis au placard les terriblement prometteurs Taylor Moore et Patrick Olsen. Les deux blondinets n’ont jamais eu les faveurs du coach néo-breton, au point de parler d’un départ pour le capitaine des U19 Anglais. 
Alors pour moi qui adorait Kombouaré avant son arrivée au club, ce fut une longue douche tirant sur un ballon d’eau chaude presque vide : d’une saison où on a clairement vibré, on a vite compris ce qu’il se passait avec un entraîneur (si important pour un club) resté par dépit. Je savais que le technicien n’était pas exceptionnel, mais je pensais que l’homme en valait la peine… Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui et même si je souligne aujourd’hui qu’il a fait de bonnes choses aussi au Racing, je pense que l’heure du changement était arrivée !

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