Le RC Lens ne jouera pas en Ligue 1 l’an prochain. Et alors ?

CTS La Gaillette RC Lens 02Vendredi 29 avril à 21 heures 52 minutes, le Racing Club de Lens s'incline contre le Paris FC (0-1). Groggy par ce deuxième revers consécutif, le public du stade Bollaert-Delelis comprend que la montée est en train de lui échapper.

Dimanche 1er mai à 15 heures 47 minutes, le FC Metz s'impose largement sur le terrain de Dijon (0-4). A sept points des Lorrains à deux journées de la fin, le RC Lens est officiellement hors-jeu pour la montée en Ligue 1. En temps normal, une telle finalité aurait de quoi décevoir, mais depuis de nombreux mois le RC Lens est loin d'être un club normal. Cette non-accession en Ligue 1 pourrait même être une bonne nouvelle pour ce club en pleine tourmente.

 

 

En Ligue 1, mais pour y faire quoi ?

Après un début de saison catastrophique, le RC Lens est revenu du diable Vauvert en livrant une très belle deuxième partie de saison. A un point du podium à quatre journées de la fin, le club artésien s'est mis à rêver d'un retour au sein de l'élite du football français.

Un rêve qui s'est donc évanoui dans un sprint final tant attendu par le staff technique. Le RC Lens a finalement craqué au moment où on s'y attendait le moins. Un dénouement qui est assez terrible pour un groupe qui a tout donné pour transformer son rêve en réalité. Si la déception des supporters est plus que légitime, le "soulagement" de certains observateurs l'est également. Ce message est assez difficile à faire passer, mais un possible retour en Ligue 1 du RC Lens n'était pas forcément une bonne nouvelle pour le club. Décrocher sa montée sur le terrain est une chose, pouvoir l'assumer la saison suivante en est une autre. Beaucoup de supporters oublient que la saison dernière s'est apparentée à un long chemin de croix pour les Artésiens. Souffrant de son interdiction de recrutement, le RC Lens a livré sa deuxième moins bonne saison en première division, derrière l'historique saison 1988/1989.

Or, le contexte aurait pu être identique la saison prochaine. En effet, la situation financière du RC Lens ne s'est guère arrangée en un an. La volonté de vendre d'Hafiz Mammadov n'est toujours pas garantie. Quant à Gervais Martel, il se murmure que son objectif était de décrocher la montée afin de mettre fin au processus de conciliation auprès du tribunal de commerce de Paris. La promesse de droits télévisuels revus à la hausse (au minimum 17 millions d'euros) maximisant les chances du RC Lens de monter un budget à l'équilibre pour la saison prochaine. Un budget sans doute conditionné à de nouvelles ventes et à une campagne de recrutements encadrée par la DNCG. En l'état, le RC Lens serait donc reparti avec son actuel duo de (non) décideurs, les mêmes moyens et surtout les mêmes limites.

Aller en Ligue 1 pour y faire - uniquement - acte de présence se sachant déjà condamné ne peut pas être l'ambition d'un club comme le RC Lens. Précipiter un retour en Ligue 1 pensant que celui-ci réglerait tous les problèmes du club est une fausse bonne idée. Ce scénario, à savoir une montée en Ligue 1 sans changement dans l'actionnariat du club, est peut-être le pire scénario possible. Certes, le RC Lens aurait pu à la fois obtenir sa montée en Ligue 1 et connaître l'arrivée d'un nouvel actionnaire, notamment un fonds de pension anglais. Mais, dans le sport de haut niveau, imaginer le scénario le plus pessimiste permet de mieux affronter l'imprévisible. Surtout que depuis quelque temps, pessimisme rime avec réalité au RC Lens.

 

Une fenêtre de tir idéale pour favoriser la reprise ?

Privé de Ligue 1, le RC Lens pourrait malgré tout connaître un été de tous les changements. Le maintien en Ligue 2 pourrait finalement favoriser le processus de reprise du club. A moins que les responsables actuels ne tirent un énième joker de leur manche.

Car, ce que beaucoup occultent, c'est qu'une remontée en Ligue 1 aurait remis l'avenir du RC Lens entre les mains de Gervais Martel. A l'initiative de la procédure de conciliation auprès du tribunal de commerce de Paris, il aurait pu mettre fin à celle-ci et donc à tout processus de reprise. Or, l'emblématique président lensois ne la joue pas vraiment collectif depuis quelque temps. Confronté à des problèmes financiers, Gervais Martel a lié son destin personnel à celui du club. Brouillé avec Hafiz Mammadov depuis près de deux ans, le président du RC Lens est l'un des grands bénéficiaires du silence de l'énigmatique homme d'affaires azéri. Le refus de vendre, ou du moins l'absence de réponse de Mammadov aux différentes offres de rachat, a pour effet de figer la situation du club.

Le maintien du club en Ligue 2 - sous réserve d'une possible mise en application de la relégation administrative décidée par la DNCG à l'hiver dernier - pourrait accélérer la vente du club. En effet, le différentiel des droits télévisuels entre une vingtième place en Ligue 1 et une première place en Ligue 2 avoisine les 12 millions d'euros. Le RC Lens se voit donc privé d'une source majeure de financement de sa prochaine saison. Dans de telles circonstances, mettre fin au processus de conciliation apparaît être une hérésie. A moins que la situation financière du club soit réellement exceptionnelle. En réalité, RCL Holding pourrait se retrouver en cessation de paiement d'ici fin juin. Reste à Hafiz Mammadov, actionnaire majoritaire du club, la possibilité de céder le club. Dans le cadre de la procédure de conciliation initiée auprès du tribunal de commerce de Paris, les candidats à la reprise du club avaient jusqu'à vendredi soir pour formuler leur offre. A ce jour, seul Charles-Kader Gooré fait office de candidat déclaré au rachat.

 

Un dénouement d'ici juin ?

Mais, cela ne signifie pas que l'homme d'affaires ivoirien est le seul à avoir déposé une offre officielle, ni que le futur propriétaire du club se trouve parmi les participants au processus de conciliation.

Pour le moment, le mot de la fin revient toujours à Hafiz Mammadov qui a le loisir d'accepter ou non de vendre le club. En cas de refus, Gervais Martel pourrait alors déposer le bilan de la Holding si celle-ci se trouve - ou est amenée à se trouver - en cessation de paiement. Le tribunal de commerce de Paris serait alors en mesure de lancer la procédure dite de prepack cession. Cette procédure introduite par l'ordonnance du 12 mars 2014 portant sur la réforme du droit des entreprises en difficulté vise à accélérer le processus de reprise d'une entreprise en difficulté. Surtout, le tribunal de commerce serait alors habiliter à lancer un nouvel appel d'offres et à choisir le nouveau propriétaire du club sans obtenir l'aval de l'actuel actionnaire majoritaire.

Or, le temps presse pour le RC Lens, puisque le prochain passage devant la DNCG est prévu d'ici fin mai. Sous le coup d'une rétrogradation administrative d'une division, le club doit présenter les garanties nécessaires, à savoir un budget à l'équilibre pour la saison prochaine. Tout laisse à penser que Gervais Martel a tout intérêt à déclencher le dépôt de bilan de la holding si Hafiz Mammadov continue de faire la sourde oreille. Sans quoi, le RC Lens pourrait passer du rêve au cauchemar, de l'espoir de la Ligue 1 à la réalité du National, voire pire. Un scénario que tout le monde souhaite éviter. Pour Gervais Martel, une telle descente aux enfers irait à l'encontre de ses intérêts personnels, surtout si un potentiel actionnaire décide de le garder dans l'organigramme. Pour les collectivités locales, la chute du RC Lens serait un mauvais signal envoyé à la population. Pour le football français, ce serait la perte d'une institution. Même Hafiz Mammadov ne pourrait pas se satisfaire de la chute d'une entreprise dans laquelle il a investi près de 25 millions d'euros sans récupérer la moindre somme.

Reste à trouver l'homme qui sauvera le RC Lens de ce profond marasme. Et si cet homme était finalement Grégory Maquet ? Réponse dans les semaines à venir.

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