[Humeur] Loïck Landre ou l'archétype de la mauvaise gestion

Loick Landre RC Lens 07Promu capitaine à l’intersaison, après le départ de Pablo Chavarria, Loïck Landre devait être l’homme fort d’Alain Casanova cette saison. Or, deux mois après le début du championnat, le natif d’Aubervilliers ne compte qu’une seule titularisation en championnat. Un constat d’échec qui, sans être totalement surprenant, aurait pu, en outre, être évité avec une meilleure gestion du dossier.

 

Un capitaine naturel… mais avec la tête ailleurs

Il est en effet de notoriété publique que l’ex-Parisien souhaite donner un nouvel élan à sa carrière. En fin de contrat en juin prochain, le robuste stoppeur avait déjà souhaité quitter le navire artésien à l’intersaison 2015/2016. Faute d’offre concrète et fort de la volonté d’Antoine Kombouaré de conserver le joueur qu’il avait lui-même fait venir du Paris Saint-Germain, Loïck Landre était resté au bercail, sans pour autant perdre de vue son ambition personnelle. Un départ semblait même programmé, à un an de la fin de son contrat. 

Pourtant, Alain Casanova a fait le choix de le nommer capitaine lors de son arrivée au club. Ce choix qui pouvait alors se justifier sur le plan sportif, en raison de sa légitimité au sein du groupe, laissait surtout présager une évolution de ses priorités personnelles. En effet, il semblait évident que le nouvel entraîneur artésien n’allait pas confier le brassard de capitaine à un joueur sur le départ ou aspirant à un tel destin. Le RC Lens n’avait aucune raison de faire la même erreur que l’Olympique de Marseille avec Lassana Diarra, le groupe étant même constitué d’un capitaine en puissance et légitime en la personne de Nicolas Douchez. 

 

Une gestion qui laisse perplexe

Si Loïck Landre a bien débuté la saison avec le brassard autour du bras, les choses ont très vite pris un mauvais tournant, et ce dès la 2e journée de championnat. A quelques heures de la réception de Tours, Alain Casanova décide de se priver de son néo-capitaine. La raison ? Le joueur souhaite que le club étudie une offre en provenance d’Italie. A peine promu, le capitaine envisage déjà de quitter le navire et de naviguer vers d’autres horizons. Pragmatique, l’ancien coach toulousain décide, dès lors, de se priver de Loïck Landre tant que ce dernier demeure en instance de départ. Le problème est que cette période transitoire va s’éterniser, débouchant même sur un prévisible statu quo.

Et pour cause : si le joueur suscite réellement les convoitises de certains clubs étrangers, en premier lieu le Genoa, l’indemnité de transfert souhaitée par les dirigeants artésiens ne correspond pas aux aspirations des prétendants du défenseur central. Intransigeant sur le montant, le RC Lens ne va pas lâcher, tandis que le joueur voit ses options décroître au fil des semaines. Si bien qu’à la fin du mercato, Loïck Landre est toujours lensois. Si le club peut se targuer d’avoir conservé un joueur dont la valeur n’est plus à démontrer, il a désormais la certitude qu’il ne dégagera pas le moindre bénéfice – financier – de sa venue au club.

 

Et maintenant ?

Rester alors à gérer sa possible réintégration au sein du groupe, un moindre mal pour un joueur promu capitaine en début de saison et à qui il ne reste plus que quelques mois à passer au sein du club. Si le RC Lens a autant fait le forcing pour conserver son joueur, c’est bien parce qu’il compte l’utiliser une fois la fenêtre de tir du mercato refermée. Sans pour autant retrouver un statut de titulaire indiscutable, on pouvait donc s’attendre à voir le défenseur réintégrer le groupe au mois de septembre. Un mois après, le constat est sans appel : Loïck Landre a complètement disparu des radars. S’il est vrai qu’une blessure est passée par là à la mi-septembre, sa réintégration semblait envisageable pour les deux dernières rencontres du RC Lens, respectivement à Valenciennes et contre le Red Star. Ce ne fut pas le cas, et ce malgré les absences d’Abdoul Ba et de Mohamed Fofana.

Si l’adage veut que les absents aient toujours tort, sur ce coup il se pourrait que ce soit également le club soit également en faute. Certes, Jean-Kévin Duverne et Dusan Cvetinovic n’ont pas démérité durant ce mois de compétition, particulièrement convaincant d’un point de vue collectif. Mais quel intérêt aurait le club à blacklister un joueur qu’il a retenu durant l’intersaison ? Renforcer son autorité auprès des joueurs ? Ce type de management a démontré ses limites depuis bien longtemps, dans un monde du football où le joueur n’a jamais été aussi puissant. En outre, et si le comportement de Loïck Landre est légitimement contestable, il serait intellectuellement injuste d’occulter le fait que la faute originelle n’incombe pas uniquement au joueur mais bel et bien au staff technique qui a fait le choix de le nommer capitaine.

 

En attendant de connaître l’avenir, à court terme, du joueur, la gestion de ce dossier débouche sur un véritable constat d’échec pour l’ensemble des parties prenantes. Le club va finir par perdre gratuitement le joueur l’été prochain, tandis que ce dernier se retrouve, pour sa part, dans une situation peu enviable depuis la clôture du marché estival. A moins d’un départ cet hiver ou d’une réintégration dans les prochaines semaines, cette gestion du « dossier Landre » aura de quoi laisser perplexe. Surtout, que cette situation de perdant-perdant aurait pu être évitée si les différentes parties en présence avaient joué franc jeu dès le départ. 

Preuve une nouvelle fois que la franchise et la capacité d’anticipation ont encore de l’avenir dans le monde du football. 

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