La Parole à : Michaël Debève

Mickael Debeve RC Lens Toulouse 01Champion de France en 1998, vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1999, buteur historique lors de la victoire des Sang et Or à Wembley contre Arsenal, Michaël Debève a écrit plusieurs des plus belles pages de l’histoire du RC Lens.

Aujourd’hui, directeur sportif du Centre de formation du Toulouse Football Club, l'ancien Lensois a accepté de répondre à nos questions dans le cadre de notre rubrique "La parole à" et quelques jours avant la rencontre entre « ses deux clubs de cœur ».

Tout d’abord, pouvez-vous nous dire quel a été votre parcours après avoir raccroché les crampons ?
A 33 ans, j’ai décidé d’arrêter. Je pouvais prétendre à jouer encore une ou deux années supplémentaires mais j’avais commencé assez tôt, à 16 ans au TFC avec les pros, et j’ai ressenti le besoin de faire un break, surtout au niveau mental. Il était important pour moi de ne pas couper les ponts avec le football, de passer mes diplômes pour revenir en tant qu’entraîneur.

Cela a toujours été votre volonté ? Vous n’avez pas été tenté par une carrière dans les médias comme certains de vos collègues ou une autre forme de reconversion ?
J’aurais pu avoir d’autres possibilités, on a pu me solliciter pour d’autres choses mais ce qui était primordial pour moi, c’était de devenir entraîneur et de partager ce que j’avais pu vivre pendant quasiment 25 ans de ma vie. C’est très difficile de couper avec le football.

Après avoir terminé votre carrière à Abbeville, comment s’effectue votre retour à Toulouse ?
Je m’étais installé chez moi à Abbeville et le président du club m’a demandé de venir donner un coup de main en tant que joueur, mais aussi de les aider au niveau de l’entrainement de l’équipe première. Cela me permettait de jouer encore un peu à un bon niveau, la CFA2, d’entrainer cette équipe et de passer mes diplômes. C’est ce que j’ai fait pendant 4 ans. Lors de la troisième année, j’ai eu l’ambition de renouer avec les clubs professionnels. J’ai contacté Lens et Toulouse, deux clubs dans lesquels j’avais passé 8 ans, pour voir s’il y avait une opportunité. Ce n’était pas possible à Lens, j’ai rencontré Gervais Martel mais il fallait que je patiente encore un peu. J’ai eu cette opportunité à Toulouse avec Jean-François Soucasse, le Directeur Général, et Alain Casanova, le coach, qui reprenaient l’équipe et mettaient en place des gens au niveau de la formation.
Les quatre premières années, j’ai été entraineur de la réserve et puis, j’ai passé les diplômes de directeur de Centre de Formation que j’ai obtenus au bout des 4 années. J’ai tout de suite intégré la direction du centre de formation au Toulouse FC, en plus de l’équipe réserve.

Michael Debeve RC Lens 2Une reconversion plutôt réussie donc ?
A l’arrêt de ma carrière, j’avais du mal à me projeter pour savoir où j’allais être quatre ans plus tard. Cela a été une période compliquée : couper avec le monde pro, passer des diplômes, entraîner … 11 ans après, je suis très content et je peux dire que mon après carrière a été réussie.

Votre ambition pour les années à venir, c’est d’entraîner au plus haut niveau ?
Mon ambition actuelle est de continuer au niveau de la formation et puis, oui, dans les années futures, certainement aller vers le haut niveau en tant qu’entraineur. Mais, à l’heure actuelle, je pense avoir encore 3-4 ans à donner à la formation avant de franchir le pas.

Au TFC, quels sont les joueurs qui sont passés entre vos mains et qui se sont imposés au plus haut niveau ?
Quand je suis arrivé au TFC, il y avait Franck Tabanou et Issam Ben Yeder, qui n’a pas été formé chez nous mais qui a passé deux ans au centre de formation. Ce sont de vraies réussites pour la formation toulousaine. Mais il y en a d’autres qui sont en train de faire leurs preuves : le gardien Ahamada, Steeve Yago, Adrien Regattin… L’ambition du centre de formation est d’alimenter l’équipe première avec 2-3 jeunes joueurs par saison. Prendre des jeunes et les amener à faire une carrière professionnelle, c’est la réussite d’un bon formateur.

Par la force des choses, le RC Lens a été contraint de lancer dans le grand bain des jeunes joueurs de son centre de formation ? Qu’en pensez-vous ?
Il y a toujours eu cet esprit de formation à Lens. Que ça aille bien ou mal, le club s’est toujours appuyé sur la formation. Quand je suis arrivé en 1994, il y avait Sikora, Wallemme, Brunel, Dallet, Eloi … il y avait déjà un certain nombre de très bons jeunes. Au match aller, Lens était venu s’imposer chez nous avec une équipe très jeune. Il y a de la qualité même si les résultats ne suivent pas mais c’est bien d’avoir autant de jeunes qui se mettent au niveau de la première division. Je n’ai pas forcément les noms mais j’ai vu de très bons joueurs : l’attaquant Guillaume, il y avait aussi un milieu de terrain et un défenseur central … Il y a un certain nombre de jeunes qui ont du potentiel et sur qui il faudra compter dans les années à venir. Un club comme Lens doit s’appuyer sur la formation, c’est un club formateur.

On a quand même l’impression qu’il s’en était un peu éloigné ces dernières années …
Il ne faut pas oublier Varane qui joue au Real Madrid, Kakuta et d’autres qui font des carrières pro. Je me souviens aussi de Serge Aurier qui a joué chez nous et qui est un très très grand joueur. On oublie vite qu’il y a eu de très bons joueurs formés à Lens et qui sont entrain de réussir dans d’autres clubs.

Mais comme vous le disiez : « L’ambition du centre de formation c’est d’alimenter l’équipe première » non ?
Par la force des choses, la formation a peut-être été un peu sacrifiée car ils ont dû vendre des joueurs pour exister au plus haut niveau mais cela n’empêche pas que ces joueurs ont été formés à Lens. Il faut en être fier car il n’y a pas beaucoup de clubs en France qui ont sorti autant de grands joueurs qui sont en train de réussir sur le plan européen. C’est sûr que c’est mieux de former des joueurs pour qu’ils jouent au club mais la formation lensoise a fait ses preuves et même en ce moment avec les résultats moyens, les jeunes répondent présents même s’ils ne peuvent pas tout assumer.

Vous parliez de contacts avec Gervais Martel. Un retour à Lens est-il envisageable ?
Oui tout à fait, j’ai toujours dit que j’avais deux clubs de cœur : Toulouse et Lens. Si on fait appel à moi, je serai le premier ravi de revenir à Lens. Maintenant, je suis très bien à Toulouse, dans un club qui me fait confiance depuis 7 ans. Je n’ai pas de raisons de partir mais, avec les opportunités ou les besoins qu’il peut y avoir, ça peut changer.

Mickael Debeve RC Lens Toulouse 02Et avez-vous gardé contact avec vos anciens coéquipiers lensois ?
J’ai régulièrement Gervais Martel au téléphone, je lui envoie tous mes encouragements, j’essaie de faire le maximum. Le club et lui, en particulier, en ont particulièrement besoin en ce moment.
Sinon, j’ai régulièrement Eric Sikora, Laurent Hochart, Franck Queudrue, Daniel Moreira, Guillaume Warmuz, Didier Sénac, Cyrille Magnier ... Ce sont des personnes avec lesquelles j’ai vécu des choses fortes au RC Lens et on est toujours content de parler du club.

Quel est votre plus grand souvenir sous le maillot lensois ? Votre but à Wembley forcément …
Ce but en fait partie mais plus largement les deux années 1998-99. En 98, on est allé chercher le titre de champion de France. Au niveau sportif et humain, l’ambiance, la complicité avec le public, on a vécu quelque chose de très très fort. La deuxième année, il y a la Champions League, une saison mal engagée en championnat qu’on termine 5e et la victoire en Coupe de la Ligue. Ces deux années comptent beaucoup pour ma notoriété et mon palmarès.

Gervais Martel est critiqué par certains supporters. Qu'en pensez-vous ?
Avec ce qui se passe depuis 4-5 ans, l’inquiétude des supporters est légitime. Mais ceux qui connaissent bien Gervais Martel savent qu’il est le premier supporter du club. Si Lens a été l’un des meilleurs clubs français et côté au niveau européen pendant plusieurs saisons, c’est aussi lui qui l’a permis. C’est un homme passionné qui a fait beaucoup pour le RC Lens. Je comprends l’énervement et l’agacement des supporters : c’est un peu pareil partout, on connait un peu ça aussi à Toulouse en ce moment. Mais il ne faut pas oublier ce qu’il a fait pour le club et j’ai beaucoup de respect et d’amitié pour le président qui fait tout pour s’en sortir et permettre au RC Lens d’exister au plus haut niveau. C’est quelqu’un qui aime beaucoup le club, ses joueurs et ses supporters.

Justement, Toulouse est aussi dans la zone rouge. Comment analysez-vous cette situation ?
C’est surprenant car on était reconnus jusqu’en octobre comme une très bonne équipe du championnat qui faisait peur à tout le monde. Et puis, à cause de blessures, Alain Casanova a dû renouveler son effectif surtout en défense et on n’a pas trouvé la bonne formule. Petit à petit, on a commencé à descendre au classement et cela entraîne une perte de confiance. On a une bonne équipe mais en plein doute et pleine de stress car on a jamais connu cette situation et cela nous fait déjouer. Heureusement, sur les 3 derniers matchs à domicile, on a réussi à reprendre des points (2 victoires et un nul). Il y a de la stabilité et de solidarité dans le club et il y a pas mal de raisons de croire qu’on va s’en sortir.

Dans quelques jours, se profile la rencontre Lens-Toulouse. Comment voyez-vous ce match ?
Le match aller coïncide avec le début de nos problèmes. Nous avions beaucoup d’absents et cette généreuse équipe de Lens était venue s’imposer logiquement. Là, au retour, ce sera un match entre 2 équipes relégables qui se suivent au classement. Des deux côtés, il va falloir faire le nécessaire pour remporter cette rencontre, ce sera un match à 6 points comme on dit. Que la meilleure équipe gagne ! Moi je suis à Toulouse donc je défendrai le TFC mais c’est vraiment navrant et cela fait mal au cœur de voir ces deux équipes mal engagées à 11 journées de la fin.

Propos recueillis par Samuel

L'équipe de MadeInLens tient à remercier Michaël Debève, pour sa sympathie et sa disponibilité pour répondre à nos questions, et Martin Truchot, chargé de communication au Toulouse Football Club, pour avoir permis cet entretien.

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